Voici,
en quelques photos, les principales étapes de réalisation
de l'oeuvre intitulée "Éclats", une huile sur toile de
92cm x 65cm en lin fin quatre couches montée sur châssis
à clés (bois).
L'élasticité
de la toile bien tendue me facilite la pose des fonds. Tirer à
la brosse les dégradés qui deviendront mes ciels étoilés
est une expérience plaisante. Le contact du pinceau sur le support
est légèrement amorti par l'élasticité de
l'ensemble, ce qui permet d'obtenir des effets intéressants dans
les fondus entre les couleurs. Parfois, émergent de ces entrelacements
des formes extraordinaires auxquelles je ne m'attends pas. Quand je
m'en aperçois, je réalise que quelque chose en moi a fait
émerger dans un endroit de l'oeuvre une forme d'harmonie indicible.
Ce sont ces moments extraordinaires que j'aime quand je peins, parce
que là, dans ces petits instants d'abandon total, absolument
rien n'est contrôlé. Je me sens alors empli de mystère
et une immense joie s'empare de moi. Moins je pense à ce qui
se passe, plus ces harmonies ont des chances de surgir. Il suffit simplement
d'oeuvrer dans une confiance absolue, d'être certain que tout
va aller, sans même avoir aucune idée de la manière
dont va se dérouler l'exécution de l'oeuvre.
Le
défi le plus grand que le mental doit relever est certainement
de pouvoir s'abandonner lui-même au silence. Là, réside
la clé de l'éveil de la conscience dans l'homme, et l'art
de peindre peut parfois y conduire.
Voir
les étapes à partir du début jusqu'à l'achèvement
de la toile 
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Le
Dessin
Avant
de commencer la peinture, je me focalise à fond sur le dessin
parce qu'il permet avant tout de fixer rapidement les premières
impressions. C'est à ce moment-là que tout se décide.
C'est la base sur laquelle va émerger le tableau et c'est donc
important de travailler sur cette mise en place
car on peut saisir, par l'essentiel des contours, les zones
d'éclairement puis les ombres.
Tans
que le dessin n'est pas complètement positionné sur
la toile, je ne commence pas à peindre. Je l'élabore
de manière à pouvoir sentir l'harmonie générale
qui va se dégager de l'image. Tout en dessinant et en positionnant
les différentes scènes, je suis à l'écoute
en permanence de mes sensations intérieures, de mon ressenti
pour l'oeuvre, et je guette le signal qui va signifier que la mise
en place est terminée. Tans que le dessin n'est pas entièrement
satisfaisant, inutile de commencer à peindre faute de quoi
des difficultés peuvent survenir quand vient le moment d'étaler
la couleur. C'est plus facile de reprendre un dessin qui ne convient
pas tout à fait plutôt que de corriger une peinture.
C'est l'expérience qui me confirme ce fait.
Grâce
à l'expérience contemplative, je peux superposer mentalement
des couleurs au dessin. Je peux alors avoir intérieurement
un aperçu de la profondeur de l'ensemble, ce qui m'aide à
régler la composition. Selon le besoin de représentation,
je construis mes scènes de différentes manières,
soit en les recopiant d'après des modèles existants
2D ou 3D, soit en les imaginant mentalement, soit en décalquant
des visions intérieures.
Quand
je dessine sur une toile, j'utilise la mine d'argent et des crayons
de couleurs relativement gras pour faire mes premiers marquages. Pour
indiquer l'emplacement d'une source lumineuse directe, par exemple
un soleil visible, j'utilise le crayon de couleur pour placer ses
gabarits. Ici, ce sont des cercles concentriques jaunes clairs tracés
au compas. Ils sont destinés à guider l'étalement
de la lumière par dégradés successifs. Je prends
donc un crayon qui se rapproche de la couleur de la lumière
qui doit être peinte, ce qui permet de recouvrir facilement
les traits une fois que le glacis est posé.

Photo 1, ©
François SCHLESSER
Cette image en noir & blanc montre un détail du dessin
sur la toile. Ce qui semble être du crayon noir est en fait
le gabarit des principaux objets dessinés aux crayons
de couleur jaune clair pour les étoiles et orange pour planète
et anneaux, puis mine d'argent pour les pierres.
(l'image est traitée pour faire volontairement
ressortir à l'écran les tracés en noir).
Photos
2, © François SCHLESSER
Voici un autre exemple de détails réalisés
avec un crayon de couleur orange. Ils représentent les contours
de deux galaxies
Puis,
vient le moment où je vois que le dessin est terminé.
Le signal de fin se manifeste sous une forme bien caractéristique
que j'ai appris à reconnaître. Je suis satisfait de ce que je
viens de mettre en place et je ne vois plus quoi ajouter. Le dessin
me plait beaucoup et je vibre de joie. Un vide se fait sentir en moi,
et je sais que je dois passer à la phase de colorisation.
Avant de commencer la couleur, j'entre dans une période de contemplation
du dessin. Je me positionne devant, confortablement assis, et pendant
un temps incroyablement long je pars dans un voyage intérieur
dont l'intensité est proportionnelle à l'harmonie que
dégage la composition de l'esquisse. C'est comme-ça que
j'aime goûter à mon travail lorsqu'il me plait vraiment. Si le
dessin m'enchante intégralement, je sais alors que la toile sera
réussie, j'en ai la certitude absolue, même si certains
passages dans la toile exigent d'être peint à l'aide d'effets
que je n'ai jamais employé jusque-là. Ce qui compte pour
moi est d'avoir pu extérioriser le schéma de la vision
intérieure, peut importe si celle-ci requière pour être
peinte une connaissance technique que je n'ai pas encore, ce n'est pas
un obstacle. Dans ce cas, je sais qu'un enseignement correspondant va
se manifester à mesure du besoin. J'ai confiance en le fait que
l'univers va réagir en apportant de l'aide. Je sais déjà
qu'il va me communiquer ce que je dois connaître pour chaque instant
au cours de la matérialisation de l'oeuvre. Ce processus de création
est naturel et fonctionne en permanence. L'univers semble être
fait ainsi. Avoir conscience de ce mode de fonctionnement agit en amplificateur
universel de manifestation pour la cristallisation de la pensée
dans la matière. Autrement dit, plus on est conscient que le
principe créateur fonctionne comme ça, plus il se manifeste.
LA
COULEUR
Le
matériel dont j'ai besoin pour peindre à l'huile est classique :
Un chevalet d'atelier, une palette en bois, des pinceaux en poil de
Martre (en brosses semi-rondes et en pointes), de l'huile d'oeillete
et de lin pour le liant, puis des tubes de peinture à l'huile
extra fine. J'utilise très peu de matière et peins le
plus possible en glacis sur une surface complètement lisse.
Je n'utilise pas l'aérographe. Je ne connais pas cet outil qui
me semble trop compliqué pour moi. Je préfère rester
le plus sobre possible. Le contact de la toile via le pinceau me semble
suffisant. Cependant, il m'arrive parfois de peindre avec les doigts
ou la pomme de la main ou même avec un chiffon pour réaliser
certains effets de brouillards ou de fondus.
D'abord,
je commence par préparer les mélanges de couleurs que
je destine pour le fond du ciel. C'est par là que je décide
de commencer car c'est le fond du tableau qui va déterminer la
lumière indirecte globale qui doit se retrouver projetée
dans les ombres en plus ou moins grande proportion. Je prépare
donc mon cocktail qui me servira jusqu'à l'achèvement de
l'oeuvre.
Ensuite,
je prépare la couleur de la lumière directe avec son dégradé
de couleur qui en résulte. Cette lumière sera émise
par les six plus grosses étoiles de l'amas local positionné
dans la composition. Les deux galaxies seront peintes à partir
de cette même lumière qui n'aura aucune influence sur la
scène, car suggérée trop lointaine. Là aussi,
les couleurs qui composent la lumière directe émise par
les six soleils resteront la référence de base pour l'éclairement
des planètes, des nuages, des brumes et des débris interplanétaires.
Voilà,
tout y est. Le dessin est ok, les lumières directes et indirectes
sont préparées, je commence à peindre. Ah
oui, j'oubliais quelque chose d'important... la musique. Je mets mon
casque Hi-Fi et entre dans l'univers de mes musiciens préférés.
C'est curieux mais souvent quand je peins, j'ai l'impression d'être
sur scène avec eux et je trouve ça formidable. Certains
d'entre eux parviennent à me communiquer quelque chose qui provient
de leurs inspirations et je m'en nourris vraiment. C'est avant tout
vibratoire et je suis convaincu que ma peinture s'enrichit grâce
aux dimensions sonores dans lesquelles j'entre avec elle.
Photo
3, © François SCHLESSER
Je commence par le fond de l'oeuvre. J'étale les
mélanges et le ciel profond commence à apparaître.
Mes mélanges de base sont déjà préparés
et à mesure que le pinceau glisse sur le support, je mélange
des nuances de différents tons pour obtenir les fondus
des premières brumes profondes. Une topographie du ciel émerge
alors et je
suis exalté par ce que je découvre.
Une
première difficulté se présente à l'approche
des zones réservées à la lumière des étoiles.
Il faut savoir que plus une source est lumineuse, moins on voit les
détails qui passent devant et plus ces détails prennent
la couleur de la lumière qui les efface par effet
d'éblouissement. Je contourne donc pour l'instant les abords
des étoiles avec mes mélanges de fond, réservant
le traitement des dégradés de lumière pour un peu
plus tard. Je prends bien garde à ne pas recouvrir le bord extérieur
des anneaux planétaires car je vais avoir besoin du gabarit pour
leur appliquer leur couleur propre.
Ce que j'aime quand je suis dans la phase de création des fonds
du tableau, c'est que j'ai l'impression assez souvent d'avancer dans
un domaine d'abstraction, car même si je suis conscient que les
formes que je crée sont destinées à la représentation
concrète, je les vois jaillir comme des représentations
abstraites. Des harmonies s'assemblent d'elles mêmes par mélanges
successifs. Apparemment, elles se produisent complètement en dehors
du contrôle de la pensée et souvent ne prennent leur réelle
signification que lorsque l'oeuvre est complètement terminée.
Cela m'a très souvent intrigué, et je suis resté
longtemps interrogatif. Ma raison ne comprenait pas comment cette forme
de communication qui semblait émerger de strates enfouies au plus profond de l'être pouvait se manifester par la peinture (voir photo
3 ci-dessus).
Photo
4, © François SCHLESSER
La topographie du ciel apparaît un peu plus et
les premières couleurs chaudes sont déposées à
l'approche d'une étoile. Le pinceau contourne planètes
et galaxie pour continuer sa course sur la surface blanche.
Mon
vrai plaisir est dans la représentation de la beauté par
la couleur et la lumière. Quand je peins, je ne pense qu'à
l'esthétique de la toile. J'aime tellement contempler les couchers
de soleil sur terre parce qu'ils apportent énormément
pour l'enrichissement personnel. Ils amplifient l'émerveillement,
ils élèvent la conscience par leurs beautés uniques.
Leurs lumières est une nourriture pour l'esprit, un véritable
enchantement. Ils sont à eux seuls une source d'enseignement
d'une richesse extraordinaire parce c'est le coeur stellaire, c'est-à-dire
le soleil en tant qu'étoile, qui exprime sa sagesse dans le monde.
Les échanges entre étoiles
et planètes se font au niveau vibratoire et particulaire. L'univers semble relié en un réseau infini et multi
dimensionnel d'énergie. La zone de concentration d'énergie
la plus intense pour un système local est certainement l'étoile
qui a pour charge d'élever et de faire grandir les mondes qui
sont en rotation autour d'elle. Cet être stellaire contient une quantité
impensable d'informations qui se sont rassemblées par les interactions
entre phénomènes naturels pour une raison qui nous dépasse
mais qui n'est sans doute pas dépourvue de sens, d'intelligence
et de conscience. Il y a un mystère dans le gigantesque coeur
rempli d'informations lumière d'une étoile. Les informations
énergétiques qu'envoie le soleil sur terre et ailleurs
sont sous forme de lumière visible mais aussi sous forme de lumière
subtile invisible et sous de multiples formes de rayonnements. Tous
ces transferts de données partent d'un coeur central et se propagent
dans toutes les directions et sans doute dans toutes les dimensions,
même celles qui nous sont totalement inconnues.
Il serait logique de penser que l'émission se fait dans l'espace-temps
et au-delà.
C'est parce que je sais qu'une étoile est un être important
dans l'univers que j'aime les peindre et en mettre partout dans mes
toiles.
Photo
5, © François SCHLESSER
Le milieu interstellaire se matérialisent, les
contours des objets apparaissent et la couleur de la lumière
de trois étoiles est posée.
Ici, il s'agit de réaliser les dégradés circulaires
avec les différentes couleurs de lumière qui vont matérialiser
les étoiles principales. C'est une phase délicate à
faire parce qu'il faut fondre couleurs chaudes avec couleurs froides.
Mais il faut surtout réaliser le plus régulièrement
possible les dégradés circulaires en mélangeant
bande par bande les couleurs de foncé à clair. L'effet
réussi doit donner des sources de lumière. Ici, ce sont
ces sources qui vont déterminer l'impression lumineuse globale.
Le temps de séchage de la peinture à l'huile est aussi
un paramètre dont il faut tenir compte dans le traitement de
la surface. Certaines couleurs doivent être mélangées
lorsqu'elles sont encore fraîches, d'autres lorsqu'elles sont
presque sèches (voir photo
5 ci-dessus).
Photo
6, © François SCHLESSER
La première couche de nuances bleutées révèle maintenant une trame qui peu à peu donne le ton global de la scène.
La couleur orange jaunâtre des étoiles en premier plan réchauffe ces bleus qui se métamorphosent progressivement en gaz éclairés. Ici, les dégradés de deux étoiles sont pratiquement posés. La planète centrale est noyée dans la lumière d'un soleil qui émerge juste au-dessus de son limbe. Les contours qui avoisinent l'étoile sont effacés par l'intensité lumineuse. Mais il reste encore des zones blanches. Lorsque la couleur viendra les recouvrir, chaque objet commencera alors à s'intégrer dans la scène, faisant apparaître progressivement les profondeurs.
L'enduit blanc de la toile peut servir de référence lumière, ce qui est très intéressant pour pousser au maximum les futurs contrastes. Sa blancheur est intense et sera utilisée dans les sources de lumières stellaires. Je décide donc de ne pas peindre les centres des grosses étoiles afin de renforcer au mieux l'effet d'éblouissement qui surviendra lorsque les rapports de contrastes seront équilibrés (voir photo
6 ci-dessus).
Dans ces moments de conception, il est important de conserver mentalement la vision de l'ensemble de la composition pendant qu'elle est entrain d'émerger. C'est là que l'imaginaire et les capacités à élaborer des modèles mentaux doivent intervenir. Plus la mémoire de la vision globale reste nette, plus elle est reproductible. Donc, tous les moyens sont bons pour que soit conservée son empreinte pendant le temps nécessaire à sa révélation sur le support (mémorisation mentale, textes, photos, films, sons, musiques, ordinateurs, etc...). Pour moi, la vision globale est une sorte de construction mentale issue d'un ou plusieurs flashs intérieurs que j'intègre en un panorama dont la structure est parfois fortement mouvante pendant l'élaboration de l'oeuvre. En effet, chaque toile a également, en plus de sa tendance visionnaire, une phase importante de peinture automatique, donc complètement inconsciente, et qui vient s'enchevêtrer dans le produit "vision/imagination".
Photo
7, © François SCHLESSER
Tout en appliquant des jus transparents en glacis sur le fond bleuté, d'autres lumières stellaires se positionnent, quelques planètes se vêtissent de leurs couleurs propres, deux galaxies naissent, et les plus gros astéroïdes sont placés.
Les gaz apparaissent à mesure que le pinceau ajoute les jus transparents. Le fond du tableau est important car c'est lui qui va projeter ses tonalités sur les ombres des objets qui seront en avant-plan. J'adore ce moment où je vois se révéler des effets inattendus. Parfois les paysages qui émergent sont sublimes. Ils m'inspirent d'autres tableaux ou me provoquent d'autres visions. Je sais alors que l'acte créateur ouvre vraiment sur l'infini et je suis émerveillé par cette dynamique universelle. Il suffit de se mettre au travail, de faire le premier pas, de réaliser la première étape qui nous apparaît nécessaire, et l'univers répond en envoyant la suite de la procédure créative, dévoilant pas à pas ses secrètes directives en inspirant celui qui se donne sans retenue au jeu de la création (voir photo
7 ci-dessus).
Là encore, tout montre qu'il faut d'abord donner pour pouvoir ensuite recevoir. Ce principe est universel. Il s'applique à tout type de création dans l'univers. Même la réalité dans sa globalité semble se créer selon le même principe, comme ci le premier pas enclenchait une réponse dynamique quasi immédiate en provenance d'un résultat mémorisé dans un futur. Sans premier pas, il ne peut donc y avoir de réponse, et celui qui ne veut pas d'abord donner ne peut pas recevoir.
Et si le processus de création dynamique de l'univers était capable de véhiculer des informations vers le passé et vers le futur afin de pouvoir organiser le présent ?
Photo
8, © François SCHLESSER
Sur ce détail, les traces du pinceau qui oeuvre en finesse font apparaître les innombrables étoiles du ciel profond. Des gaz plus proches se matérialisent pour donner l'impression de nuages interstellaires bien particuliers.
Puis,
vient le moment d'éclairer les brumes avec la lumière des
sources stellaires représentées dans la scène. Je
me munis de pinceaux à pointes très fines. Certains d'entre
eux ont deux formes de poils dont les effets permettent de peindre en
très grande finesse. Leurs longues pointes fines sont maintenues
par un corps utilisé comme réservoir. Grâce à
cette réserve, la fréquence de rechargement est plus espacée,
ce qui permet de se concentrer encore mieux sur l'essentiel à peindre.
Par le jeu des lumières, je fais naître des formes gazeuses
dont la présence devient de plus en plus cohérente. Depuis
les premiers jets abstraits qui se sont déposés au passage
du pinceau, et qui ont révélé le premier fond, je
bascule progressivement dans la représentation concrète
de masses nuageuses de gaz, que mes étoiles, loin d'être
terminées, commence à éclairer. Ainsi, la scène
globale entre dans un champ de cohérence, suggérant timidement
une nouvelle dimension, la profondeur.
Encore plus loin dans la profondeur, des milliards d'étoiles dansent
dans la lumière de l'infini, bercées par les forces de gravitation.
Là encore, le paysage qui se révèle est parfois grandiose,
car c'est bien une par une qu'elles apparaissent à la pointe de
mon pinceau, comme s'il était guidé par une force infinie
dont la volonté était de numériser le piqueté
par mon entremise. Une trame cosmique apparaît au fil du temps.
Là, vraiment j'aime ce que je découvre (voir
photo 8 ci-dessus).
La plupart de ces micros paysages stellaires, qui en fait suggèrent
des territoires gigantesques établis dans le ciel depuis des milliards
d'années, me renvoient à ma profondeur, à mon infini,
à mon vertigineux et éternel état d'être.
Photo
9, © François SCHLESSER
Le fond devient de plus en plus détaillé. Étoiles lointaines, galaxies, planètes, gaz et astéroïdes suggèrent de plus en plus la profondeur.
Les tonalités s'enrichissent à mesure que les couches de couleurs transparentes se déposent aux grés de l'inspiration.
La technique du glacis permet de déposer sur la toile des couches de couleurs généralement très fines les unes sur les autres. On peut en appliquer autant qu'on le souhaite. Par exemple, une planète sera peinte avec cinq couches de mélange alors que trois couches seront suffisantes pour faire apparaître une brume de la teinte désirée. Peindre en glacis, c'est superposer un nombre de couches dont les jus préparés contiennent un pourcentage plus ou moins grand de transparence. La magie des couleurs se produit au moment où la lumière traverse toutes ces couches, frappe l'enduit blanc acrylique de la toile, puis revient vers l'oeil, chargée de l'ensemble des teintes plus ou moins transparentes (voir photo
9 ci-dessus).
Parfois, quand je peins, des assemblages remarquables entre couches se produisent d'eux-mêmes quelque part dans le tableau. Quelque chose d'extraordinairement harmonieux se manifeste sans que mon mental puisse intervenir. Une harmonie supérieure apararaît en dehors de tout contrôle. Cherchant à comprendre comment ces phénomènes pouvaient logiquement se produire, je réalisais un jour qu'ils surgissaient la plupart du temps lorsque je ne pensais presque plus rien. Dans ces moments, j'étais dans des états de conscience particulièrement paisibles, parfois mêmes extatiques, comme-ci le secret de l'émergence de ces harmonies indicibles était directement lié à l'inactivité du mental.
Tout en continuant à peindre, je songe parfois à ces connexions spéciales par lesquelles sont véhiculées des informations dont la provenance semble être directement liée à une qualité d'énergie. Des attitudes justes pourraient déclencher, parfois pendant quelques fractions de secondes seulement, une re-connexion intérieure à des dimensions plus subtiles. Résultat, une harmonie inhabituelle se produit, et des traces exceptionnelles restent mémorisées dans la peinture.
Photo
10, © François SCHLESSER
À gauche, les teintes dominantes de deux satellites apparaissent. Des continents verdoyants ainsi que des océans y sont visibles. Plus tard, des couches nuageuses viendront les recouvrir partiellement. Les anneaux de la planète centrale commencent à peine à se révèler, ainsi que son océan, ses cyclones et ses nuages. Le fond du ciel continu à s'enrichir de teintes multiples.
Photo
11, © François SCHLESSER
La lumière des étoiles commence à éclairer la surface des anneaux planétaires ainsi que les gaz stellaires.
L'effet d'éblouissement estompe les nuages qui sont proches du limbe de la planète. L'étoile en haut laisse apparaître un gigantesque vortex spiralé qui aspire peu à peu tout son entourage.
Photo
12, © François SCHLESSER
La profondeur est renforcée par les dégradés de lumières stellaires qui apparaissent sur presque tous les gaz, nuages, anneaux, et limbes planétaires. En même temps, je commence l'équilibrage des profondeurs. Des jus transparents viennent se poser sur les zones encore trop contrastées. L'ensemble de la scène se positionne progressivement aux bonnes distances et l'impression globale change.
Photo
13, © François SCHLESSER
Des centaines de petits astéroïdes sont ajoutés jusqu'à perte de vue. Ils forment un couloir qui se dirige en direction des anneaux.
Les dégradés de couleurs les matérialisent en leur donnant pour chacun une orientation que je découvre en étant parfois émerveillé par la magie qui se révèle. Plus tard, la lumière stellaire directe leur sera appliquée.
Photo
14, © François SCHLESSER
Les dégradés de lumière stellaires sont adoucis par
l'application d'autres couches transparentes. Les jaune orange lumière
sont désaturés à vue. Les voiles atmosphériques
et les nuages sont appliqués sur les planètes végétales,
les positionnant ainsi au bon endroit dans la profondeur. Ombre portée
et éclairages directs viennent équilibrer les anneaux planétaires.
Photo
15, © François SCHLESSER
Les
astéroïdes sont éclairés avec la lumière
directe des étoiles. De minuscules fissures apparaissent sur leurs
surfaces.
Du fait qu'ils sont au premier plan, je pousse le détail et le
contraste à fond.
Photo
16, © François SCHLESSER
"Éclats"
Éteindre la lumière et voir cette toile



Photo
18, © François SCHLESSER
Voir
le Rendu des détails tels qu'ils apparaissent sur la reproduction
numérique
©
François SCHLESSER
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